COMMUNIQUE DE PRESSE du 26 février 2014
C’est avec stupeur que nous apprenons l’agression homophobe particulièrement violente subie il y a quinze jours par un jeune étudiant de 23 ans à Marseille dans le 6ème arrondissement : roué de coup, humilié, insulté, volé, ce jeune homme aurait eu le « tort » de paraître efféminé aux yeux de ses 4 jeunes agresseurs de 17 ans : cette apparence efféminée aurait ainsi constitué un « permis d’agresser » en renvoyant à l’homosexualité présumée de la victime, ou en considérant la masculinité du jeune homme comme non conforme.
Nous présumons qu’il s’agit donc d’une agression caractérisée fondée sur l’orientation sexuelle et sur l’identité de genre réelle ou supposée de la victime.
Nous demandons au Maire et au Préfet de condamner publiquement cette agression homophobe inacceptable.
Nous exigeons que soit mis en oeuvre un outil de veille sur le recensement de tels actes à Marseille afin de pouvoir enregistrer leurs diverses manifestations et adopter un plan de lutte efficace.
Alors que les agresseurs présumés ont pu être arrêtés, nous souhaitons que l’enquête en cours du Groupe de Voie Publique soit menée à son terme afin de faire toute la lumière sur les conditions de la survenue d’un tel acte à Marseille.
Comme il y a quelques mois à Paris ou à Lille, aujourd’hui c’est au tour de Marseille d’être le théâtre de violences homophobes. Partout en France en 2014, il n’est pas anodin de vivre encore ouvertement son orientation sexuelle ou son identité de genre.
En effet, bien qu’il y ait eu une avancée notable de l’égalité réelle avec la loi sur le mariage pour tous, les personnes lesbiennes, gays, bisexuel-les et Trans (LGBT) ont vu se développer depuis de longs mois un climat particulièrement délétère de rejet de ce qu’ils-elles sont et de leurs aspirations à vivre en toute égalité dans la société. Ces dernières semaines, nous voyons resurgir des rumeurs, des amalgames insensés liés à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre. Hélas, face à ces préjugés et à ces formes d’instrumentalisation, nous rappelons la réalité, à savoir que le taux de suicide chez les jeunes homosexuel-le-s reste de 4 à 7 fois plus élevé que chez les personnes hétérosexuelles*.
Nous réaffirmons haut et fort que c’est l’homophobie qui est une violence, non l’homosexualité.
Au même titre que le racisme, la xénophobie, le sexisme et toutes les formes de discriminations sociales liées aux croyances religieuses, aux handicaps etc., l’homophobie est un rejet de la différence, une atteinte à la dignité humaine.
Cette violence est intolérable et c’est une injonction urgente à lutter sans relâche et simultanément contre toutes ces discriminations ! Cette agression à Marseille est une alerte pour nous tous et nous incite à demander de toute urgence que soit menée une politique cohérente de lutte contre les discriminations homophobes et transphobes ainsi qu’un développement et un soutien actif aux programmes de lutte contre l’homophobie.
Le Collectif IDEM SOS homophobie, Amnesty International, le Planning Familial, Mémoire des Sexualités, Les 3G, MPPM, Boucle rouge, Observatoire des Transidentités, Sawa United, La Zouze *Les minorités sexuelles face au risque suicidaire, Beck, Firdion, Legleye, Schiltz, INPES, 2010, pp 41-43